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Articles

Affichage des articles du juillet, 2017

Boulangeries circassiennes

En fait, je crois avoir mis le doigt sur une espèce de dénominateur commun dans pas mal de trucs qui me gonflent. Les antivax, bien sûr, mais plus globalement une espèce d'état d'esprit sectaire qui se répand. Et si c'est si dur à déraciner, c'est qu'en fait, c'est basé sur un machin vraiment fondamental. La clé du truc, c'est la notion de souillure ontologique. Et c'est un machin tellement basique, qui fait tellement parti de nos codes de représentations du monde, qu'on le le voit même plus. De quoi est-ce qu'on cause ? Tout simplement de la vieille distinction pur/impur. La viande impure qu'il ne faut pas manger. La jeune fille censée rester pure jusqu'au mariage. Le vêtement blanc (pour le mariage en question, par exemple, mais pas que). Le corps qui "est un temple qu'il convient de respecter". Les prescriptions rituelles diverses (changeante selon les religions) qui se parent d'une apparence hygiéniste, comme l

Torpeur estivale

Je profite de l'été et que j'ai mis mes enfants à la benne au train pour les envoyer en vacances pour avancer sur le boulot et surtout pour faire quelques menus travaux. Genre un carrelage commencé en janvier et jamais terminé, préparer l'interview d'un pote pour le magazine qui m'achète régulièrement des piges, avancer cette trad d'adaptation de jeu vidéo… Et j'ai quand même, malgré toute cette activité, l'impression de m'enfoncer dans un genre de torpeur estivale. je ne sors quasi plus de chez moi. Si, l'autre jour pour m'assurer qu'ils étaient bien dans le train, puis pour un rendez-vous boulot (je vous en reparlerai bientôt en détail, mais me voici "consultant en Batman" pour le studio Monolith qui produit des jeux de figurines franchement sympas). Et puis avant-hier pour rendre quelques bouquins à la bibliothèque, discuter de deux trois événements à venir avec eux, puis faire quelques courses. Qui m'ont permis, chez

Double jeu

Tous les quelques temps, je me retrouve à devoir traduire une BD tirée d'un jeu vidéo. Comme je ne suis pas très gamer (et que quand je joue, ce n'est pas forcément à des jeux susceptibles d'être adaptés en BD, vous imaginez une BD de Civ6* ou de Tropico , vous ?), l'expérience est souvent compliquée. Je dois apprendre un vocabulaire propre au produit qui est adapté sur le papier. Et encore faut-il parfois que je sache qu'il s'agit d'un jeu ! Je me souviens quand on m'a donné Gears of War à traduire, ce n'est qu'au bout d'une vingtaine de pages que j'ai eu un doute, que j'ai été voir sur internet, et que j'ai découvert qu'il s'agissait d'une grosse licence émergente. Accessoirement, tout le vocabulaire de SF que j'avais commencé à adapter, j'ai pu me le foutre là où je pense, puisque j'ai trouvé les forums des joueurs et qu'il a fallu que je colle aux tournures qu'ils utilisaient. Bon, quand on

Théorie des genres

Je viens de lire Royaume de Vent et de Colères , un roman de Jean-Laurent del Socorro publié chez Actu-SF. Je ne vais pas m'étendre dessus, mon but n'étant pas d'en livrer ici une critique qualitative détaillée. Je me bornerai à dire que c'est très bien, d'autant que c'est un premier roman, et que ça préjuge d'excellentes choses pour la suite. Faut que j'aille voir son Boudicca , tiens, sorti dernièrement. Ce qui me pousse à en parler, là, c'est quelque chose de bien plus général. Ce roman se retrouve le cul entre deux chaises. Ou plus précisément, entre deux genres. On reconnait souvent la littérature dite "de genre" à la façon dont elle est souvent critiquée avant tout dans son rapport à son genre, et aux codes de ce genre. Un roman policier du style "whoddunnit" sera jugé en priorité sur sa capacité à poser un mystère intéressant, et une résolution de ce mystère qui fasse sens. Un roman noir, sur son ambiance. Un roman de S

Image of the bits

Je viens de m'apercevoir avec horreur qu'un changement des conditions d'utilisation de Photobucket, service dans lequel j'hébergeais des tas d'images depuis des lustres, a effacé plein d'illustrations de ce blog. Je vais réparer ça au fur et à mesure que je vais tomber dessus, mais comme y en a des centaines, des images concernées, ça risque d'être long. Si vous tombez sur un article ravagé de la sorte, n'hésitez pas à le signaler en commentaire !

Le Camelot du roi

J'avais causé ici même  (et le texte avait été repris dans Geek le Mag sous une forme largement remaniée, augmentée et nettement améliorée) de ce qu'il fallait attendre, ou pas, du film de Guy Ritchie consacré au roi Arthur. Il est peut-être temps que je fasse le point et sous vos yeux ébahis, voire sous un tonnerre d'applaudissements si jamais vous êtes particulièrement bon public, de ce que j'ai pensé du film lui-même. Et quel meilleur jour pour ça que le 14 juillet, vu qu'il est question de succession royale légitime ? Donc, King Arthur, Legend of the Sword . C'est peu de dire que le film a déclenché des réactions épidermiques. De fait, si on le compare, par exemple, à l' Excalibur de John Boorman (un de mes films préférés de tous les temps, soit dit en passant), force est de constater qu'on est face à un bestiau d'un tout autre genre. Oubliés, les rapports complexes entre chevaliers de la table ronde, oubliée la charge hiératique et symboli

Choc des visions

Je reviens rapido sur les cuistres qui, dès qu'on sort un argument à peu près rationnel à propos d'un des sujets qui fâchent de nos jours (au hasard, la vaccination, tout ce qui touche de près ou de loin à la NASA, le réchauffement climatique, etc.), hurlent à la collusion, au scientisme (scientiste est devenu une insulte, comme intello, ça en dit long sur le niveau global), etc. Voire mettent en doute vos facultés intellectuelles. En mettant en avant des arguments d'une bêtise achevée, taillés en pièces depuis parfois des décennies. Sur la collusion, c'est intéressant, parce que dans ce groupe d'énervés, vous avez d'un côté des religieux assumés (en vrac, des Manif pour Tous qui annoncent que la Colère de Dieu s'abattra sur la Fraaaance dans un grand krakapoum wagnérien, des universitaires turcs qui reprennent les arguments d'évangéliques américains pour démontrer que l'évolution est un complot contre la foi, et que Pokemon est un complot pour fai

De nouvelles cordes à un arc (qui commence à ressembler à une harpe)

L'avantage, quand on commence à être vaguement connu (bon, si je mesure ma gloire à l'aune de mes chiffres de vente, c'est clair que je ne suis pas encore Amélie Nothomb) (note à moi-même, penser à m'acheter un chapeau genre Jamiroquai, à toutes fins utiles), c'est qu'on me contacte parfois pour faire des boulots que je n'avais jamais faits auparavant. Me voilà consultant sur un jeu, par exemple. C'est assez cool. Mais aussi, me voilà en train de réviser une traduction. Il s'agit de reprendre les vieilles trads d'une série et de les remettre en cohérence les unes avec les autres (parce qu'à l'époque, pour plein de raisons, y avais visiblement pas eu de concertation, ni de relecture en tenant compte de l'existant). Et si j'avais accumulé des notes là-dessus (au départ, je n'étais censé que rédiger une préface pour la réédition, mais en relisant les bouquins, j'ai repéré plein de trucs que je comptais refiler à l'édi

Goldorak, Go !

La publicité, ce fléau envahissant. La publicité, c'est le mal. Et comme j'aime bien poser au génie du mal, des fois (mon nom de génie du mal, c'est Lex Lavitch, qu'on se le dise), je vais faire une grosse page de pub. Et puis comme c'est pour parler d'un bouquin, vous me pardonnerez, voilà. Donc, l'ami Jay Wicky, traducteur émérite de plein de trucs bien, vient enfin de sortir un bouquin (le Trad Pack le tanne là-dessus depuis plus de dix ans), et c'est un bouquin sur Gô Nagai, le créateur (entre autres) de Goldorak, ce qui ne surprendra pas les gens qui connaissent Jay. J'ai commencé à le lire dans le train, c'est super bien documenté , et surtout c'est écrit avec ce ton mordant et pince sans rire qui a toujours caractérisé Jay. (c'est dans une collection où il y a déjà du Jean-Marc Lainé) Donc voilà, maintenant, vous savez. Allez harceler votre libraire pour réserver le vôtre !

Moonwalk à la playa (ou : vamos à la plage arrière)

Encore un titre débile, mais c'est parce que je me suis encore énervé tout rouge. Et encore à cause de la télé. Que je ne regardais même pas, en plus. Le fiston avait mis le Tour de France, et donc j'entendais en bruit de fond les commentaires, bossant dans la pièce à côté. Des trucs dont je ne captais que des bribes, des commentaires sur tel monument, tel coin de montagne, tel coureur qui fait ceci c'est formidable, telle écurie, etc… (je sais pas si on dit écurie pour les équipes cyclistes, mais je m'en fous, en fait) Je sirotais mon café tout en épluchant les corrections renvoyées par un éditeur sur un de mes manuscrits, quand il m'est ressorti par les narines (le café, pas l'éditeur). Je ne sais pas d'où la conversation des journalistes sportifs est tombé là-dessus (je n'ai même aucune idée d'où passait le Tour, aujourd'hui) (probablement un endroit qui ne faisait même pas partie de la France à l'époque dont on va parler, d'aill

Déesse 19 ter (mais pas déesse de la ter, faut suivre, des fois)

Alors, cet article fait suite à ces deux-là, Déesse 19 et, comme on peut s'en douter, Déesse 19 bis . Ils constituent une réflexion à la volée sur le problème des mythes féminins d'initiation, suite à une questionnement sur le côté fondamentalement masculin du schéma dit "de Campbell". Une remarque du toujours estimable JPJ, dont le regard acéré m'a déjà torpillé, au fil des ans, bien des démonstrations patiemment assemblées (il est vraiment redoutable pour mettre le doigt sur les failles) (qu'il en soit remercié, c'est aussi comme ça que j'avance) m'a fait prendre conscience que tous mes exemples d'aventures féminines avaient été écrits… par des bonshommes. Parmi les exemples qu'il a proposés, l'un d'eux m'a frappé, parce que je ne l'avais (bêtement) jamais considéré sous l'angle initiatique : la petite Heidi, crée par Johanna Spyri à la fin du XIXe siècle et popularisée depuis par un nombre incalculable d'adap

Modernitude

Bon, me voilà reviendu de deux séances de dédicaces, l'une individuelle, à Gibert (merci encore à l'équipe qui a su m'accueillir malgré des événements conspirant à saboter l'affaire, entre le diffuseur qui n'a pas envoyé les bouquins, le temps, les soldes), il n'y a pas eu beaucoup de monde, mais à chaque fois ce furent des rencontres (et parfois des retrouvailles) de qualité. Ensuite, comme convenu, j'ai fait un saut chez Central Comics, libraire situé non loin du Cour St Emilion, où avait lieu le lancement de Kirby & Me , gros bouquin (et quand je dis gros, c'est format Galactus, pour situer) hommage au King (le seul vrai King, pas le chanteur à banane et paillettes) dont les bénéfices seront reversés à un fond d'aide aux auteurs de BD US (qui n'ont pas de sécu à proprement parler, et ce n'est pas parti pour s'arranger). Ça a été l'occasion de retrouver des copains, de rencontrer Mickaël, à l'origine de ce beau