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Mais pourquoi ?

En remettant de l'ordre dans ma boite mail, je suis tombé sur cet échange édifiant entre moi et un collègue que nous appellerons Jérôme Doubleuwé pour respecter son anonymat :

Moi :
dans le métro, il y a un de ces panneaux avec une nana dessinée qui s’est mangée la vitre du panneau. Rupture du quatrième mur, gnagnamescouilles, tout ça, le truc était marrant. Il m’a fallu quatre ou cinq expositions à la chose pour piger pour quoi c’était une pub. Et deux jours plus tard, je serais bien en peine de de dire si c’était pour Fanta ou pour Orangina (et comme je ne bois ni l’un ni l’autre....)

Un autre pote (c'était un mail groupé) :
Oui mais toi, tu ne regardes pas la TV.

moi :
La TV n’arriverait pas à me pousser à boire du Fanta sans nécessité vitale. Une boisson avec des bulles, mais sans alcool, c’est quand même un sérieux contresens, à mes yeux.

Jérôme Doubleuwé :
C'est marrant, c'est justement une pub pour Fanta sans bulles. Ce qui, pour moi, n'a pas de sens : un soda sans bulles, c'est quoi ? Le plaisir de la chiasse sans celui du pétillant. Trop zarbi, comme concept.

Moi :
Ah ouais ? Donc ça reste ultra chimique sans l'excuse des bulles ? Très con en effet.

Jérôme Doubleuwé :
Ben je suppose, en fait j'ai pas eu l'idée de goûter. Mais sinon, en quoi ce serait du Fanta ? Ce serait à la rigueur de l'Oasis.
J'ai goûté le Fanta Light, par contre. Et j'ai été assez étonné, ça attaque pas autant les boyaux que le Fanta normal. C'est peut-être juste une histoire de sucre ?

moi :
Je pense que c'est plus compliqué : faute de vrai sucre, ils doivent aussi baisser l'acidité du produit, que l'édulcorant masque moins.


Jérôme Doubleuwé :
....

.... Putain. Cette discussion date de deux jours, et c'est seulement
maintenant, parce que j'ai vu un truc à la télé qui m'y a fait penser,
que je me souviens que Fanta est, à la base, le Coca des Nazis, et que
j'aurais pu faire une blague là-dessus. Je vieillis.

Et là, la conversation s'est arrêtée. Jérôme n'a jamais voulu nous expliquer pourquoi Fanta c'était un Coca Nazi (rien que le concept est à se chier dessus, quoi, merde !). Pourquoi c'est du Coca Nazi ? Pourquoi ? La question me taraude.

(Oui, je fais un spécial coca nazi parce qu'on est le 21 avril) (en fait non, j'ai pas fait exprès, mais ça tombe bien malgré tout)

Commentaires

JayWicky a dit…
Doux Jésus. Tu ne connaissais donc pas la merveilleuse histoire de Fanta? Eh bien c'est tout simple: tout comme les dessins animés de Walt Disney, Coca-Cola se vendait bien en Allemagne Nazie, jusqu'en 1941, pour des raisons que tu imagines sans peine. Rappelons que la formule du Cola-Cola est censée être secrète. Or, ces fameux ingrédients secrets auraient eu bien du mal à passer la frontière une fois l'inimitié des deux pays entérinée par le jeu des alliances ("Les mangeurs de choucroute fraient avec ces maudits mangeurs de poisson cru qui ont bombardé Pearl Harbor? Fuck them!" - je schématise). Le responsable local de Coca-Cola Deutschland, un dénommé Max Keith, a donc l'idée de créer une Fantasiegetränk (boisson fantastisch, Junge!) à base d'ingrédients disponibles en Allemande à l'époque, à savoir du petit-lait et du marc de raisin. Cette première incarnation de Fanta disparaît avec la fin de la guerre, mais Coca-Cola International, qui n'est pas du genre à laisser une de ses marques entrer dans le domaine public, s'empresse de remettre Fanta au goût du jour dès 1960, cette fois-ci avec cette saveur d'agrumes et cette acidité destructrice de paroi abdominale tellement caractéristiques... Une aventure qui s'est étendue assez rapidement aux quatre coins du monde, comme nous le savons.
Alex Nikolavitch a dit…
Wow. Merci, maître Wicky !
Anonyme a dit…
Fanta, la Volkswagen du récure-boyaux acidulé! Ó____ø
JayWicky a dit…
Oui, je reviens pour rajouter un petit truc, façon Columbo ou Professeur Rollin. Le passage où tu dis que tu confonds Fanta et Orangina m'a inspiré immédiatement une scène où je ramènerais ma science pour te dire que l'Orangina (création frrrrançaise, môssieu, et qui ne date même pas de l'Occupation, enfin pas que je sache - mais je crois que Pernod-Ricard était dans le coup - aujourd'hui, ce sont les Japonais de Suntory qui ont racheté la marque, je crois) se distingue par le fait qu'il ressemble un peu plus à un *vrai* jus d'orange, à cause de son emblématique pulpe (c'est à cause d'elle qu'il faut secouer la bouteille, mais pas trop, sans ça le gaz s'en va), mais aussi parce que l'Orangina a beau être à l'orange, il n'est pas *Orange* (la couleur), il est jaune. Comme n'importe quel jus d'orange naturel. Alors que le Fanta... Hmm. Non, en fait, le Fanta moderne, il est juste jaune orangé. Mais je me souviens que dans ma jeunesse... ah, le Fanta... Il était plus Orange qu'un Ben Grimm qui se serait endormi sous la lampe à bronzer. Je n'ose même pas imaginer ce qu'ils mettaient comme colorants dans le bouzin pour obtenir une couleur aussi fluorescente. Toutes ces histoires sur l'alcool et les clopes, c'est des conneries: je suis sûr que toutes les tumeurs qui se développent probablement dans mon corps en lousdé, elles sont nées quand j'avais sept ans et qu'il m'arrivait de temps à autres de siroter un verre de Fanta. Ou de Tang (marque entretemps morte et jetée dans un cul de basse-fosse).

Purée, si ça se trouve, si ces cons-là n'avaient pas arrêté d'utiliser ces colorants violeurs d'ADN, aujourd'hui les buveurs occasionnels de Fanta seraient tous des mutants immortels, au seul prix d'une légère diarrhée volcanique chronique.
Alex Nikolavitch a dit…
figure-toi que le Tang, en tant qu'ancien laborantin, je sais le fabriquer, c'est pas hyper compliqué.

par contre, je me souviens que, tout un été, on avait essayé de le rendre pétillant avec un collègue, mais on était tombé sur deux écueils -primo, la réaction qu'on obtenait était trop rapide : quand on rajoutait l'eau, ça faisait plein de bulles, mais qui montaient d'un coup puis se dissipaient, si tu voulais les bulles, tu avais cinq secondes pour boire le truc, pas une de plus.
-deuzio, le sel alcalin qu'on employait pour obtenir la réaction donnait à l'ensemble un goût absolument dégueulatoire.

alors on a laissé tomber et on a essayer de fabriquer du pastaga de synthèse, à l'aide de fonds de tiroirs, et le résultat était pas mal.

et puis l'été s'est terminé, et il a fallu bosser pour de vrai au lieu de faire les cons dans le labo.
soyouz a dit…
Mon dieu, je n'ose imaginer un Nikolavitch laborantin !!!! Et influencé par Ellis, ça aurait pu donner un truc ... détonnant !


(et puis on aurait raté ce grand livre, "Mite et sopranos". Cela aurait été une perte pour l'humanité !)
JayWicky a dit…
Six ans plus tard, j'ajoute un post-post-POST scriptum à cette histoire, car j'ai découvert dans l'émission Carambolage d'Arte cette étrange coutume allemande qui consiste à mélanger le coca et le fanta : https://fr.wikipedia.org/wiki/Spezi
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